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Yvette Horner
YVETTE HORNER: La femme aux doigts d'or "Si elle fréquente les bals, je lui couperai les jambes": lorsque le père d'Yvette lance cela à propos de sa fille, il est loin d'imaginer qu'elle fera dans sa vie plus de 2000 concerts, 100 000 kilomètres par an, 12 mois sur 12, jouant six heures par soir -100 morceaux!- Avec un instrument de douze kilos minimum sur les bras, dans des casinos, cinémas, cabarets, nights-clubs, bals etc. , qu'elle accompagnera 11 tours de France, sera Reine des Six Jours, obtiendra le Prix Charles Cros etc, etc, un vrai Livre des Records à elle toute seule! Il faut dire que personne n'aurait pu l'imaginer, puisque personne -traduisez: aucune personne du sexe prétendu faible- ne l'avait fait avant elle ("Nous étions deux femmes accordéonistes, Line Viala et moi"), à tel point que lorsqu'elle remporta la première Coupe Mondiale de l'accordéon à Lausanne, le Petit Parisien titra qu'elle " avait remporté la Coupe Mondiale FEMININE "! A l'époque, se souvient-elle, "il paraissait impossible qu'une femme puisse battre des hommes sur leur terrain. Car les accordéonistes féminines ne couraient pas les rues pour ce concours. Nous n'étions que deux, une Italienne et moi-même, à nous être risquées...".</DIV< td>Mais " Vévette ", comme on la surnommera plus tard entre l'Obisque et le Tourmalet, n'était pas née de la dernière pluie -elle était même quasiment venue au monde dans un théâtre, "Les Nouveautés" à Tarbes-, et, après avoir commencé le piano à 4 ans, dirigeait à 12 ans son premier orchestre composé de 6 hommes! Son emploi du temps de l'époque, à l'âge où d'autres jouent à la poupée, était d'ailleurs saisissant: lever à six heures et 900 kilomètres par semaine pour aller à 9 ans au Conservatoire de Toulouse, tournées avec sa mère à partir de 14 ans, on serait tenté d'écrire qu'elle n'a pas eu d'enfance, et guère plus d'adolescence, si cette boulimique du travail, voire de la perfection, n'avait manifestement vécu en même temps un vrai conte de fées, qui a duré toute une vie. Qui aurait dit que la jeune fille rangée de Tarbes jouerait avec Samson François, Mady Mesplé, Charlie Mc Coy (à Nashville!) et même Valéry Giscard d'Estaing, qu'elle côtoierait Pablo Casals, Serge Lifar, se produirait devant Mistinguett (lors d'une soirée présentée par Yves Montand!), deviendrait l'égérie branchée et tricolore de Jean-Paul Gaultier, l'idole d'Yves Mourousi, interpréterait Listz, Rossini et... Bowie, enregistrerait chez Erato pour Daniel Toscan du Plantier, enseignerait à la Schola Cantorum, ferait un mix " piano-accordéon " à la BBC, serait décorée par François Mitterrand, puis Jacques Chirac, demandée en mariage par un roi du Togo (!), et surtout qu'elle ferait guincher, flirter, rêver la France profonde pendant un demi-siècle ("Je suis très cocorico!")! Un vrai Quizz! </DIV< td>Le comble -et paradoxe- de l'histoire étant que notre reine du bal musette, égérie des pistes, de cycle comme de danse, sponsorisée par les "Vins de France", Calor, Suze ("Mademoiselle Suze"!) et tant d'autres, idole des coureurs comme des mineurs, des titis comme des Ch'timis (on a bizarrement toujours pris cette enfant des Pyrénées pour une fille du nord, et elle deviendra même " marraine des Gueules Noires ") n'avait qu'un rêve au monde, le piano: "Même si je l'ai délaissé pour l'accordéon, au fond de mon cur, c'est toujours à lui que j'ai pensé! Enfant, je voulais être pianiste et je suis devenue accordéoniste. Je ne jurais que par la musique classique, et c'est le musette qui m'a introduite dans des bals où mon père souhaitait ne jamais me trouver". Une vocation "heureusement" contrariée par sa mère qui avait réfléchi concrètement à la question: "Des pianistes concertistes, les conservatoires en fabriquent des dizaines tous les ans. Des accordéonistes, il y en a peu. Ils sont recherchés. Et parmi eux, il n'y a pas de femme. C'est un créneau inespéré à saisir". Comme papa et l'oncle Henri sont d'accord, Yvette, qui à 11 ans interprète déjà Saint-Säens, Chopin et Mozart, s'exécutera, la mort dans l'âme: "Je ne pouvais m'y faire. Chaque fois que j'entendais un morceau de piano, des sanglots me nouaient la gorge... Et je me révoltais intérieurement: "Jamais je ne pourrai jouer sur un instrument comme ça. C'est trop agressif, trop musette, presque faux... Pendant trois ans, j'acceptai mal mon nouvel instrument, je ne pensais qu'au piano, continuant de jouer à l'accordéon "Guillaume Tell" et "Le Barbier de Séville", "La pie voleuse" et "Poète et paysan". </DIV< td>Ainsi naquit un style, devenu bientôt un art de vie, et finalement un destin: la carrière d'un accordéoniste après-guerre tient à la fois du challenge, du baroud d'honneur et de la performance sportive (d'où peut-être les liens si forts tissés avec les champions du bitume: elle enregistra même avec Poulidor, (Poupou et Vévette réunis, toute la France des sixties!), et elle tournera derrière plus d'un peloton en jouant dans une voiture à toit ouvrant, puis sur des podiums aux arrivées d'étapes! De quoi paraphraser la fameuse formule de Guillaumet à Saint-Ex: "Ce que j'ai fait, aucun accordéoniste ne l'aurait fait!". D'autant plus qu'il fallait faire tous les jours sa "toilette des doigts", petite gymnastique destinée à ne pas perdre la main: "Mes doigts sont un capital, écrit-elle en 1987. Ils sont assurés pour 6 millions de francs. Je me dois de les entretenir, de les préserver. Je ne porte jamais un objet lourd, je n'utilise jamais un marteau. Ce sont là des règles sacro-saintes. Aujourd'hui encore, chaque matin, je pratique ce que j'appelle ma " toilette des doigts ". Durant une heure ou une demi-heure, dans le pire des cas, je travaille, en profondeur, tous les exercices de la méthode Hanon... J'ai toujours eu entre les doigts les études de Listz au piano".</DIV< td>De même, détail révélateur et amusant, toutes les manches gauches de ses vêtements ont-elles "un centimètre de plus que les manches droites, parce que les muscles de mon bras gauche, celui qui tire le soufflet, sont plus développés que ceux de l'autre bras". Petits aperçus très éloquents sur un métier qui, sans en avoir l'air, constitue aussi une émancipation de la femme contemporaine: d'autres, comme la jeune Domi Emorine (médaille d'Or Sacem 1998) prennent aujourd'hui le relais. Yvette féministe ? En tout cas, pionnière, militante à sa façon, et sûrement cas d'espèce en matière de perfectionnisme: "Même dans les classiques du musette les plus galvaudés, j'ai toujours cherché à améliorer mon jeu, à apporter une variante, une touche supplémentaire, à améliorer pour enrichir... Si je me retourne sur ma vie, je ne vois qu'une masse de travail pesant sur mes jours".</DIV< td>Pas étonnant que tant de "gens sans importance", comme aurait dit Gabin (qui l'appréciait), et parfois d'autant plus importants, se soient reconnus en elle, et lui aient d'ailleurs envoyé tant de présents des quatre coins de nos provinces: dans son " chalet aux souvenirs ", cabane enfouie au fond de son jardin de Nogent, derrière une maison singulière où presque tout, cheminée, table, lampe, sièges, glace, cendriers, porte-savons est en forme d'accordéon, elle conserve ainsi précieusement mille cadeaux sans prix, objets, babioles, fanfreluches, créations faites main et pièces rares, qui témoignent de mille matinées ou soirées enchantées où elle donna du bonheur aux gens. Ici l'on trouve côte à côte un maillot jaune du grand Louison Bobet, une lampe de mineur, un télégramme de Maurice Chevalier, un dessin d'enfant, des poupées de toutes les régions, son portrait peint par un autre mineur, quelques mots de rosières ou de cheminots, des lettres de France venues d'hier ou d'avant-hier, toute une vie d'artiste et de femme dans laquelle un pays entier s'est un jour ou l'autre projeté, comme on retourne aux sources, en tournant une page de petite histoire. Yvette Horner, c'est d'abord cela, une vérité profonde, une nature fascinante, doublées d'un sacré caractère! Et s'il fallait donner le secret de son succès, on pourrait le résumer, à la manière d'Enstein, qu'elle se plaît à citer ("il disait que la vie était faite de 20 % d'inspiration et 80 % de transpiration"), par une équation: une "volonté forcenée" + talent + travail +... amour, comme dans les meilleures chansons populaires. </DIV< td>Car rien ne serait arrivé, ou n'aurait peut-être duré si elle n'avait rencontré René, un footballeur professionnel (sport et musique vont décidément bien ensemble) qui -fait notable et rarissime dans le cadre de ce dossier- renoncera à sa propre carrière pour s'occuper de celle de sa femme, qui "était intransigeante sur un point: elle n'abandonnerait pas la musique!": "Il me dégageait de mes problèmes matériels. Du jour au lendemain, le footballeur trapu aux larges épaules se mua en la plus douce fée du logis. Mon mari faisait tout: le marché, le ménage, la cuisine, et même mon repassage. Je n'avais à m'occuper que de mon accordéon. Et encore, simplement pour en jouer, car René avait pris ma destinée en main... Jamais je n'aurais osé partir seule avec des musiciens pour aller faire un bal, s'il n'avait pas été là. J'ai eu une vie de lumière avec lui. C'était mon mari, mon amant, ma mère, il était tout ça" ("Du tour de France à l'opéra musette"-Ed. Filippachi). Car René, c'est le partenaire, mais aussi le protecteur, le garde du corps quand la présence d'un homme s'impose dans la fièvre des samedis soirs.</DIV< td>Lorsqu'il s'éteignit, le 3 mars 1986, Yvette s'isola dans leur chambre et joua pour lui "Berger d'autrefois", en guise d'au revoir. On ne saurait mieux dire le lien si fort, si vital, qui unit toute sa vie cette femme à son art, ce geste d'amour que fut toujours la musique, et cette passion d'un instrument devenu quasiment son cadre de vie. Et qu'on ne lui parle surtout pas de " piano du pauvre " ("il n'y a pas d'instruments mineurs, mais des musiciens mineurs"): l'accordéon d'Yvette, c'est son sésame, son soleil, son compagnon de route indéfectible, elle lui parle et il lui répond, elle lui a appris les classiques en même temps que les tubes ("Perles de cristal", "La marche des mineurs", "Adios pampa mia", "Rigolade" qui lui valurent son premier disque d'or en 1967) et il lui a ouvert toutes les portes, donné toutes les chances. Grâce à l'accordéon, elle a "sonné au Vel d'Hiv' les entrées pour Bourvil, Gabin, Fernand Raynaud, Martine Carol, Gloria Lasso, Lily Fayol", grâce à lui, elle s'est même un jour envolée pour Nashville, elle qui a tellement les pieds sur terre qu'elle n'était JAMAIS montée en avion: "J'ai toujours eu peur de l'avion, et je refusais depuis 20 ans de me rendre en Amérique à cause de ça! Or un jour se présente ce disque à Nashville, grâce à Yves Mourousi qui en avait lancé l'idée. Cette fois, il fallait y aller. Alors j'ai dit à Jacques Souplet, directeur de CBS, que je voulais visiter l'avion avant de le prendre. Air France a accepté, et je suis allé voir un Boeing 747 au sol. Et puis je me suis préparée au voyage, avec mon mari bien sûr. J'ai pris sur moi une poche de plastique avec de la terre de France, au cas où il m'arriverait quelque chose, pour que j'aie mon pays avec moi au moment de mourir. Et puis, j'avais peur d'aller là-bas, de rencontrer Charlie Mc Coy, le meilleur harmoniciste américain avec toute son équipe. En fait, eux aussi avaient la trouille de jouer avec moi!". </DIV< td>Est-il besoin d'ajouter qu'elle bluffa totalement les Américains, pourtant élevés à la dure école du country ("Yvette Horner nous a donné une leçon de métier"). Mais Yvette n'est-elle pas un peu notre country à nous, c'est-à-dire notre pays ?! Self made woman en tout cas, 100 % made in France comme il se doit, qui pourrait dire sans mentir: " J'ai tout vécu ", mais qui continue comme au premier jour, au temps de Tarbes. Et pourtant, derrière la formidable professionnelle de la fête se cache parfois un cur de midinette (quoi de plus français ?): "Je suis née triste. Je suis d'une nature triste, et on ne change pas une nature. Bien sûr, sur scène, je suis gaie, je fais la fête avec le public, mais après, je suis d'un intérieur triste! Je suis une romantique. Lorsqu'à cinq ans j'entendais mon père jouer au piano, je me mettais à pleurer, en pensant qu'un jour je perdrais ma grand-mère que j'adorais. Après, c'était la tristesse à l'idée de perdre mes parents. Le mot que je déteste le plus dans le dictionnaire, c'est "séparation"... Parfois, on me trouve excentrique, peut-être à cause de la robe bleu blanc rouge de Jean-Paul Gaultier. En fait, j'aime les gens nature, pas coincés... Depuis que j'ai appris l'accordéon, vous ne pouvez pas savoir le nombre de filles qui le pratiquent. Mais c'est un métier dur, car la musique, il faut s'y consacrer: souvent, elles se marient, elles ont des enfants, et c'est terminé. Il faut trouver un mari comme le mien, qui accepte de renoncer à sa carrière. Et puis, il faut toujours apprendre, travailler toute sa vie son instrument...".
P. A. </DIV< td>
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Commentaires
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