• Jean Ségurel

     

    C'est au mois de décembre 1978, que le Limousin et l'Auvergne apprenaient avec stupeur la disparition, suite à un arrêt cardiaque de Jean SEGUREL, Chevalier de la Légion d'honneur (promu par le Général DE GAULLE en 1968), Sociétaire définitif de la SACEM, dans sa maison de Chaumeil en Corrèze, petit mais joli village situé au cœur du Massif des Monédières, pays qui vit naître les plus grands troubadours du Moyen-age et qu'il rendit célèbre par ses chansons surtout par la fameuse course cycliste du "Bol d'Or des Monédières" qu'il avait créée en 1952. Ce défenseur du folklore du Limousin et de l'Auvergne venait d'avoir soixante-dix ans.

    Jean SEGUREL était l'un des plus célèbres et populaires accordéonistes, compositeur, chef d'orchestre, dix fois millionnaire du disque, auteur de plus de six-cents chansons, dont la plus célèbre crée en 1936 "Bruyères Corréziennes" inspirée à Jean SEGUREL par son parolier Jean LEYMARIE par la bruyère particulièrement belle et fleurie sur les flancs des Monédières. Cette chanson a fait le tour du monde et dont il enregistra six versions différentes sur disques tout au long de sa carrière. Celle datant de 1945 et enregistrée sur disques "Odéon" fut tiré à plus de 600 000 exemplaires, un record pour l'époque. 

     

    Il est né le 13 octobre 1908 à Chaumeil, fils de paysans corréziens qui, pour arrondir leurs quelques revenus avaient ouvert à Chaumeil un café-auberge. Très jeune, Jean-Baptiste SEGUREL, que l'on surnommait familièrement "Baptistou" montra des dispositions pour la musique, ayant lui même confectionné un violon. Mais il connut sa plus grande joie lorsque son père lui donna vingt francs pour s'en acheter un vrai à Tulle. Il put alors accompagner ce dernier pour faire danser les gens du pays dans les bals et foires de la région. Le jeune "Baptistou" découvrit alors un instrument de musique qui était à lui seul un véritable orchestre "l'accordéon".A son retour du service militaire en 1929, ayant décidé de devenir accordéoniste, Jean SEGUREL fut remarqué par les trois frères "Maugein".

    Il entama sa carrière de musicien en allant jouer dans des bals corréziens les jours de foire, puis dans les mariages, mais le plus souvent tout seul, la grosse caisse au pied. Dans les années 30, avec deux amis instituteurs, Jean LEYMARIE et Roger FAURE, il monta une petite formation qui allait connaître très vite le succès : Les "Troubadours Corréziens".Comme les auvergnats, beaucoup de corréziens s'étaient expatriés à Paris dès les années vingt. Parmi eux, le couple Gervais et Antonine GOURSOLAS, originaires de Saint-Augustin et fondateurs du groupe folklorique "Les chanteurs et Danseurs Limousins de Paris". Il présentèrent Jean SEGUREL à Martin CAYLA, alors pionnier du folklore du massif-central dans la région parisienne et qui avait fondé sa propre maison de disque "Le Soleil". 

     

    C'est ainsi qu'en 1931, Jean SEGUREL grava son premier 78 tours, entamant ainsi une carrière discographique exceptionnelle qui ne devait s'achever que le 23 décembre 1978 date où il enregistra son dernier 33 tours, juste six jours avant sa mort. Ayant participé à l'exposition Internationale de Paris en 1937 au pavillon du Limousin, Jean SEGUREL fut sollicité par les Disques "Pathé", pour enregistrer sur de nouveaux disques ses compositions et des danses du folklore limousin. En 1939 "Polydor" lui demande de graver quatre nouveaux morceaux, mais un seul fut édité au printemps, car la guerre arriva en septembre et la firme étant Allemande fut mise sous séquestre.  

     

    Jean SEGUREL et Robert MONEDIERE

    Les trois autres disques ne furent fabriqués qu'en épreuves, mais jamais commercialisés, même pendant la période de l'occupation, les nazis ayant réinstallé la firme "Polydor" française.

    Aussitôt démobilisé en 1940, Jean SEGUREL voulut reprendre son accordéon. Seulement, même en zone libre, le Gouvernement de Vichy avait interdit les bals tout en tolérant les représentations théâtrales, encourageant même les manifestations folkloriques. Jean SEGUREL put alors remonter une petite troupe composée d'artistes réfugiés en Corrèze, dont certains étaient connus comme les fantaisistes PERRIN, MOURIER, GOUDARD et Pierre DORIS et les accordéonistes Jean PREZ et Édouard DULEU que Jean SEGUREL hébergeait chez lui à Chaumeil. C'est ainsi que les nouveaux "Troubadours Corréziens" sillonnèrent pendant près de quatre ans le Limousin, l'Auvergne, et le Quercy. 

     

    Jean SEGUREL à Radio Toulouse en 1942

    La troupe se déplaçait à pied, à bicyclette, par le train ou dans une voiture à gazogène. Lorsque la libération arriva, en août 1944, Jean SEGUREL chercha de nouveaux partenaires pour remonter cette fois un véritable orchestre. Ce fut le déclic qui le mena au sommet de sa popularité. Engageant son compatriote l'accordéoniste Robert MONEDIERE, puis des musiciens comme Max DAUMONT, les chanteurs Roger VINCENT et, plus tard, André VAR, Jack ERHARD et Jo SONY, les "Troubadours Corréziens" animèrent bals et galas d'accordéons six jours sur sept pendant près de vingt-cinq ans. Jean SEGUREL préférait jouer dans de petites localités plutôt que des grandes villes, le plus souvent dans des arrière-salles  de café ou sur des parquets montés lors des fêtes votives.  

     

    La place manquait mais, sa réputation aidant, une foule considérable allait s'y entasser afin d'essayer de danser dans des cohues indescriptibles. Malgré que la vague "yé-yé" des années 60 ait quelque peu entamé l'audience de l'accordéon, Jean SEGUREL continua à séduire les foules. Toujours entouré des meilleurs musiciens professionnels, il enregistra d'innombrables disques qui atteignirent en 1960 le chiffre d'un million d'exemplaires Les disques "Odéon" le récompensèrent en lui attribuant son premier disque d'or. La "C.B.S" ayant repris le catalogue en 1963 lui remit son sixième disque d'or en 1972. On estime aujourd'hui, que Jean SEGUREL a totalisé la vente d'au moins une quinzaine de millions de disques vinyles, CD et cassettes confondus. A Paris, le seul nom de SEGUREL attirait chaque année au traditionnel bal des corréziens au Palais de la Mutualité pas moins de 5000 personnes, et, en 1963, la célèbre nuit des auvergnats de Paris (la Nuit Arverne) à la Porte de Versailles battit tous les records avec 13 000 entrées.

     

    Pendant sa jeunesse, Jean SEGUREL avait été un passionné de cyclisme, disputant même quelques courses locales qu'il gagna. Dans son for intérieur, il caressait l'idée d'organiser un jour une grande compétition sportive dans les Monédières, où il invitera à Chaumeil les plus grands champions. Grâce à ses relations avec le monde du cyclisme, le premier "Bol d'Or des Monédières" eut lieu le jeudi 7 août 1952. Ce fut ROBIC, vainqueur du Tour de France, qui l'emporta. Quinze autres "Bols d'Or" allaient suivre, attirant à Chaumeil une foule évaluée chaque année à plus de 60 000 personnes et cela jusqu'en 1967, date où Jean SEGUREL prit sa retraite de Chef d'Orchestre. 

    En quinze ans, de COPPI à POULIDOR, en passant par GEMINIANI, BOBET, BAHAMONTES, et ANQUETIL, tous les cracks du vélo coururent à Chaumeil, payés par Jean SEGUREL qui finançait entièrement la course de ses propres deniers. Son fils Alain a repris le flambeau à la tête du "Club Sportif des Monédières" en relançant le "Bol d'Or" dès 1982 à Chaumeil. Trois Tours de France sont passés dans les Monédières : en 1987 avec l'arrivée de l'étape Poitiers-Chaumeil au sommet des Monédières en 1998 avec la 7ème étape contre la montre et en 2001 avec arrivée d'étape à Sarran, fief du Président de la République Jacques CHIRAC.

    Jean SEGUREL et Robert  MONEDIERE

    Bien qu'il ne fut pas un grand virtuose, Jean SEGUREL a toujours été considéré comme l'une des grandes vedettes nationales de l'accordéon. Il a sorti de l'oubli nombre de chansons et danses folkloriques du Limousin. Son style si particulier et la sonorité de ses accordéons "Maugein" l'ont différencié de tous les autres accordéonistes célèbres. Parmi ses plus grands succès, figurent désormais des classique de l'accordéon. 

    "Bruyères Corréziennes", "Oh! Maria", "La marche des célibataires", "Le pays des mille sources", "Retour aux champs", "Marie des bruyères", "Dans le grand cantou", "Nostalgie de son pays", etc... en sont les principaux.

    Jean SEGUREL est désormais entré dans la légende et son extraordinaire popularité en a fait sans doute l'accordéoniste n°1, dont la musique est encore jouée dans toute la France et même à l'étranger.

    vu sur : http://perso.orange.fr/mdcn/segurel.htm


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