• Astor Piazzolla

    (vidéo en bas de l'article)

    Astor Pantaleón Piazzolla est né à Mar del Plata, à l'époque où cette ville de la côte Atlantique, à 400 kilomètres au sud de Buenos Aires était un port de pêche et n'était pas encore devenue une station balnéaire aristocratique. À l'âge de trois ans, il part avec ses parents à New York dans le Greenwich Village.

    Quand Astor a huit ans, son père, passionné de tango, lui offre un bandonéon. L'enfant est déçu, il aurait préféré des patins à roulettes comme tous les enfants du quartier. Plus tard, Astor affirmera que si son père lui avait offert un saxophone il serait probablement devenu musicien de jazz. Un jour qu'il jouait dans la cour de son immeuble, Astor découvre Jean-Sébastien Bach : c'est le pianiste Bela Wilda, ancien élève de Rachmaninoff, qui étudie neuf heures par jour. La musique de Bach impressionne tellement Astor qu'il veut prendre des cours avec Bela Wilda.

    En 1936, la famille Piazzolla retourna à Mar del Plata. Astor, alors adolescent ne sait pas quoi faire de sa vie. Parfois il joue du bandonéon, mais sans conviction, parce qu'il ne s'intéresse toujours pas au tango. Un concert du violoniste Elivno Vardaro avec son Sexteto tīpico, à Mar del Plata, le fait changer d'avis : Astor découvre une nouvelle manière de jouer le tango qui le passionne. Tout de suite, il forme son premier ensemble, le Cuarteto Azul, en copiant le style d'Elvino Vardaro.

    En 1938, à dix-sept ans, il décide de devenir bandonéoniste professionnel et s'installe à Buenos Aires. Pendant un an, il joue dans des orchestres médiocres. Tous les soirs, il se rend au Germinal - le Broadway de Buenos Aires - où le célèbre bandonéoniste Anibàl Troilo joue avec son Orquesta tīpica. Quand un des bandonéonistes tombe malade, Astor demande à son ami le violoniste Hugo Baralis, qui fait partie de l'orchestre, de le présenter au maestro. Comme Astor connaît tout le répertoire par cœur, il est engagé le soir même dans l'orchestre, l'un des meilleurs de l'époque. Aníbal Troilo eut parfois à lui faire des remontrances pour qu'il se cantonne dans les frontières strictes qui étaient celles de l'orchestre.

    À cette époque l'Argentine est l'un des pays les plus riches du monde et les gens veulent oublier la misère des années trente, ils ont envie de s'amuser et d'aller danser. Les salles de bal se multiplient, il y a des milliers d'orchestres de tango à Buenos Aires et un peu partout dans le pays.

    Chaque orchestre a son style. Comme dans le jazz, tout le monde joue les même morceaux mais avec des arrangements particuliers. L'orchestre d'Anibal Troilo utilise des arrangements très élaborés avec un style mélodique caractérisé par le jeu extraordinaire du bandonéoniste à la fois soliste et chef d'orchestre.

    Très vite, Piazzolla commence à écrire des arrangements pour cet orchestre, et à composer des tangos. Mais le jeune bandonéoniste n'est pas satisfait de ce travail nocturne. Il veut être un « vrai » compositeur de musique classique. Il prend des cours avec le compositeur Alberto Ginastera et assiste chaque après-midi aux répétitions de l'orchestre symphonique du théâtre Colōn.

    En 1944, il abandonne l'orchestre de Troilo et dirige celui qui accompagna le fameux chanteur Francisco Fiorentino. À partir de là, Piazzolla commence à lâcher la bride à sa créativité. Peu de temps après, il crée son propre orchestre. Parmi les morceaux qu'il interpréta à ce moment-là, cinq se détachent, écrits de sa main, et dont l'un porte le titre, sans doute intentionnel, de « Prepárense » (« Préparez-vous »).

    Au début des années 1950, il pense sérieusement abandonner le tango pour se consacrer à la musique classique.

    En 1954, il peut enfin réaliser son rêve : il reçoit le premier prix de composition Fabien-Sevitzky et obtient une bourse pour aller étudier à Paris avec Nadia Boulanger qui lui enseigne l'art du quatuor à cordes. À la fin de son année d'études, Nadia Boulanger critique le manque de personnalité de ses compositions et lui demande ce qu'il faisait avant de venir chez elle. Piazzolla lui révèle qu'il était bandonéoniste et qu'il a écrit des tangos. Elle lui demande de jouer une de ses compositions. Il joue Triunfal. Elle le félicite et lui conseille de suivre les traces de Bartók et Stravinsky qui s'étaient inspirés de la musique populaire de leur pays pour créer une musique basée sur leurs racines musicales.

    Les paroles de Nadia Boulanger bouleversent tellement Astor Piazzolla qu'il se met à travailler comme un possédé. Les années suivantes, il élabore son propre style de musique qu'il va nommer tango nuevo. Mais il lui faudra encore lutter longtemps avant d'être mondialement reconnu. À Paris, en 1955, il enregistrera environ 16 morceaux, pour la plupart écrits par lui, avec les cordes de l'Orchestre de l'Opéra de Paris, Martial Solal et Lalo Schifrin au piano et lui-même au bandonéon.

    De retour à Buenos Aires, il crée un orchestre à cordes et à bandonéon. Il s'entoure des meilleurs solistes et musiciens de tango de la ville. Elvino Vardaro Jaime Gossis José Bragato sont des vecteurs importants de la musique de piazzolla à cette époque. On retrouvera ces noms plus tard. Avec cet orchestre il montre toute son habileté à l'écriture pour cordes. Son répertoire comporte une moitié de compositions, parmi lesquels « Tango del ángel » (Tango de l'ange) et « Tres minutos con la realidad » (Trois minutes avec la réalité) "melancolico Buenos Aires" "lo que vendre"(ce qui viendra)(prémonitoire?), tandis qu'il réinterprétait certaines partitions créées par d'autres compositeurs (Sensiblero, Fuimos, la Cachila, la Cumparsita).

    Il fonde son fameux octet avec Mario Francini et Hugo Baralis (violon), Leopoldo Federico (bandoneon2), Atilio Stampone(piano) José Bragato(violonceliste), Vasalo(Contrebasse) et Horacio Malvicino (guitare electrique). Ce groupe est une révolution! Il n'est composé que de grand leaders d'orchestres de l'époque ce qui donne une légitimité supplémentaire à ce projet. Piazzolla introduit la guitare electrique, et les chorus bebop de Malvicino apportent une couleur des plus modernes à l'ensemble. Là encore on retrouve des reprises de tango de l'époque (negracha, a fuego lento, los mareados) et des compositions de lui ou des membres du groupe (cabulero, Marron y Azul, tango Ballet). Il enregistre trois disques avec cette formation.

    Piazzolla: joue-t-il du tango ou non? c'est la grande question qui sera posée à partir de là.

    En 1958, il se rend à nouveau à New York ; il tente d'opérer une fusion entre tango et jazz qui échoue et qu'il critique vivement par la suite.

    Il retourne à Buenos Aires en 1960, et crée une autre formation, le Quintet « Nuevo Tango » (lui au bandonéon, Elvino Vardaro puis Simon Bajour au violon, Jaime Gossis au piano, Jorge Lopez Ruiz à la guitare électrique et Kicho Diaz à la contrebasse). Avec ce groupe, il crée des tangos comme « decarissimo », « Adiós Nonino », « Buenos Aires Hora Cero », « Muerte del ángel », qui sont, parmi ses compositions, les plus enregistrés et interprétés dans les décennies suivantes. Ce quintet est la formation parfaite pour Piazzolla. Il y trouve un équilibre qui le galvanise et l'inspire. Durant les années soixante il écrira la majeure partie de son œuvre. Piazzolla est aussi un interprète extraordinaire et un chef de groupe des plus inspirés. Son écriture est sans concession et sa musique se détache de plus en plus du tango populaire : en effet, contrairement aux tangos des décennies précédentes, ils sont très difficiles à danser.

    En 1965, le quintet joue à New York avec deux nouveaux membres Antonio Agri au violon et Oscar Lopez Ruiz à la guitare éléctrique. Il crée la suite del Angel (introduction, milonga, muerte et resureccion).

    Cette même année, il enregistre des tangos composés sur des poèmes de l'écrivain Jorge Luis Borges avec le chanteur Edmundo Rivero et l'acteur Luis Medina Castro. C'est un disque culte dans l'histoire du Tango, même si Borges ne sera pas très emballé par le résultat.

    Ensuite, Piazzolla s'associe avec le poète Horace Ferrer, avec qui il crée les tangos les plus connus de son répertoire : « Chiquilín de Bachín » et « Balada para un loco ». Au tout début des années 70, Piazzolla part en Italie. Ils écrivent ensemble l'opérette Maria de Buenos Aires qui n'a aucun succès. Il se lie avec Amelita Baltar qui est l'égérie de toutes ces chansons, plus inspirées par la variété que par le tango.

    Piazzolla monte un nouvel ensemble le nonetto avec lequelle il enregiste deux disques. Il tourne en Europe. La batterie apparaît à cette époque dans sa musique. Il écrit le « concierto nacar por ce nonette et orchestre » (concerto grosso).

    Il monte en 74 le conjunto electronico avec orgue, basse electrique, flûte, clavier. L'esthétique est tournée vers la pop musique. C'est l'œuvre la moins intéressante. Dans les années qui suivent, il compose de nouveaux tangos à succès (Libertango, Amelitango, Suite trolienne et lumière) et se rapproche à nouveau du jazz, par un disque composé avec le saxophoniste Gerry Mulligan.

    De 79 à 88, Astor Piazzolla renoue avec son quinteto d'avant avec Pablo Ziegler au piano, Hector Console à la basse, Oscar Lopez Ruiz puis Horacio Malvicino à la guitare et Fernando Suarez Paz au violon. Le succés est fulgurant. Il multiplie les tournées à l'étranger. Les commandes d'écriture affluent (films, suites pour flûte et guitare, concertos Acconcagua et Hommenaje a liege, quatuor four for tango (kronos quartet) et la sonate le grand tango pour Rostropovitch). Mais Astor Piazzolla n'est pas vraiment conscient de cette reconnaissance. Il se battra jusqu'au bout contre ses détracteurs alors que le tango nuevo reçoit enfin la considération qu'il mérite.

    En 1989, il met en place son dernier groupe, le Sextet « Nuevo Tango », de composition inhabituelle qui rappelle l'octeto Buenos Aires : deux bandonéons (lui et Daniel Binelli), un piano (Gerardo Gandini), une contrebasse (Hector Console ou Angel Ridolfi), une guitare électrique (son vieux complice Horacio Malvicino) et un violoncelle (José Bragato puis Carlos Mozzi). La musique est sombre et résolument contemporaine.

    En 1990, juste avant une attaque cérébrale dont il ne se remettera pas - il meurt à Buenos Aires deux ans plus tard - Astor Piazzolla se confie à Natalio Gōrin : J'écoute du tango depuis l'âge de huit ans et je reconnais que certains de ces grands musiciens ont influencé ma musique. Je les respecte parce qu'ils ont trouvé un style propre. Quand on crée, il faut avoir son propre style. Sans style, il n'y a pas de musique.

    Il meurt en 1992 à Punta del Este.

    article vu sur :http://fr.wikipedia.org/wiki/Astor_Piazzola

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  • Antonio "Tony" Murena
    Tony Murena

    accordéoniste (1916-1970)

    Un tout jeune émigrant...
    Tony Murena est né en Italie en 1916.
    En 1923, ses parents émigrent en France, comme de nombreux italiens. La famille s'installe à Nogent sur Marne. Il commence à "faire les bals" à l'âge de 9 ans, après que son oncle lui ait offert un accordéon chromatique. "Lancé" par son cousin Louis Ferrari, il débute rapidement les cabarets (Le Chantilly, L'Ange Rouge) et les music-halls.

    ...et surdoué !
    1932 : il se met au bandonéon et commence à jouer dans des formations de tango à la mode. Avec son quintette, il est entre autre le second accordéoniste du Balajo et demande à
    Jo Privat de le remplacer. Il joue à La Silhouette, à La Boule Noire, à La Java, au Pré Catelan et au Ciro's. Matelo Ferret est souvent son accompagnateur.

    Une carrière internationale
    Pendant la guerre, Murena est contacté par Glenn Miller pour rejoindre son orchestre ; la mort du tromboniste en 1944 empêchera la réalisation du projet.
    1947 : il joue au Cambodge devant le roi Norodom Sihanouk, lui même accordéoniste. Il se produit en Amérique du Sud, en Italie, en Allemagne, en Suisse.
    1949 : il achète un dancing rue de Courcelles, Le Mirliton où viendront parfois jammer
    Stéphane Grappelli et Django Reinhardt.
    1950 : il rencontre Astor Piazolla aux Etats-Unis.

    Concessions alimentaires
    1958 : fonde l'Orchestre Musette de Radio-Luxembourg avec
    Marcel Azzola, André Verchuren et Louis Ledrich qui accompagne des artistes de variété. Il anime également l'émission de télévision 36 Chandelles.
    Par la suite, il cédera comme beaucoup d'autres accordéonistes à la mode du musette "populaire" et commercial. Il faut bien vivre...
    Il s'éteint en 1970. On notera qu'il a joué avec de nombreux guitaristes :
    Django Reinhardt, Sarane Ferret, Matelo Ferret, Henri Crolla, Didi Duprat. Grand styliste de l'accordéon, au même titre que Gus Viseur ou que Jo Privat, on lui doit quelques chefs d'oeuvre comme Passion ou Indifférence (cosignée par Joseph Colombo).

    Source :
    François Billard &
    Didier Roussin, Histoires de l'accordéon, Climat-INA, 1991


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  • A la société des Accordéonistes aixois nous utilisons des accordéons chromatiques, mais il existe aussi des accordéon diatonique. alors qu'est-ce que c'est exactement ?

    L'accordéon diatonique est un accordéon qui possède une organisation proche de l'harmonica diatonique c’est-à-dire organisée suivant une ou plusieurs gammes diatoniques, suivant une logique dite bi-sonore: on n'obtient pas le même son lorsque l'on pousse ou que l'on tire, mais ces deux nuances, bi-sonore et diatonique sont la plupart du temps confondues, de sorte que certains modèles sont appelés diatoniques alors qu'il ne le sont à proprement parler pas (certains modèles à trois rangées ou à deux rangées et demi).

    Origine :

    De nombreux modèles existent, et ont été transformés selon les besoins des musiciens au cours de l'histoire . Un modèle est devenu référence de facto. Il est à deux rangées et a été popularisé et standardisé dans les années 70 par la maison Höhner qui a fabriqué des accordéons (modèle 2915) de façon industrielle en établissant une norme. Cette norme spécifie d'avoir 2 rangées à la main droite et 8 basses. Chaque rangée est une gamme diatonique. On définit par là le modèle : exemple un sol-do la première rangée est la gamme diatonique de sol et la deuxième rangée est la gamme de do. Mais d'autres modèles peuvent comporter d'autres tonalités, comme la-, do-fa ou si-do.

    Certains modèles comportent trois ou quatre rangées, ce qui permet d'avoir de nouvelles notes, en particulier des demis-tons, qui sont quasiment absents des deux premières rangées ; les rangées supplémentaires ne sont pas standardisées : ces rangées sont propres à chaque accordéon suivant les demandes du joueur. Le terme bisonore serait plus adapté que diatonique en effet sur certains claviers la disposition des touches sur une rangée n'est plus diatonique.

    Technique de jeu

    On distingue deux façons de jouer : le tiré-poussé qui donne un jeu très saccadé et le jeu croisé qui permet de lier davantage les notes.
    Concernant la main gauche (qui comporte le plus souvent 8 ou 12 basses), celle-ci accompagne la main droite avec un jeu de basses (une note fondamentale) et d'accords (une note fondamentale avec sa tierce et sa quinte), bien qu'avec l'arrivée des claviers main gauche à 18 basses, le jeu a tendance à s'éloigner un peu plus du simple accompagnement pour prendre un place plus importante.

    Utilisation de l'instrument

    La pratique de cet instrument est très répandue dans le milieu « folk » et offre des musiques très diverses (musique auvergnate, bretonne, italienne, irlandaise, landaise,Suisse etc.). Hors d'Europe on le retrouve notamment au Cap-Vert et dans l'Océan indien (Madagascar, île Rodrigues). On peut citer également la musique cajun, l'instrument utilisé comporte en principe une seule rangée et dispose de plus de registres.

    Article vu sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Accord%C3%A9on_diatonique


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